lundi 27 mars 2017

Maria José Passos, sculpteur et conteuse

Comme tous les humains depuis les commencements, Maria José Passos aime raconter des histoires. Elle ouvre son chemin le long des berges et des côtes où gisent de vieux bois malmenés par les tempêtes après les marées d’hiver. Elle se perd dans les dédales sombres et lumineux de sa ville, recueille toutes sortes de choses oubliées à l’entour des chantiers, des décharges, des  ruines où le regard de l’artiste se plaît à farfouiller.
« Je vis près de la mer, d’une église et d’un cimetière où j’ai l’habitude de me promener et je me prends à regarder les photos sur les tombes… Mon atelier est plein de ce que je rencontre : poupées démembrées, restes de chaussures et de bateaux, ferrailles rouillées… », écrit Maria José Passos sur l’affiche de son exposition Contaram-me histórias/ Ils me racontaient des histoires à la galerie Geraldes da Silva à Porto.
La sculpture-qui-raconte de Maria José Passos peut s’apparenter à l’arte povera de Mario Merz. Les morceaux de céramique assemblés avec des branchages jaillissant des corps ou des cerveaux témoignent que les histoires sont parfois des fleuves intranquilles. Le tragique s’installe souvent à côté du naïf. La solitude et le silence recouvrent parfois le bruissement de la langue. La parole suffoquée voire interdite est également suggérée dans certaines installations. Une clé couture ici les lèvres, et là, aux pieds d’un enfant épinglé dans sa marche, des carabines rappellent l’oppression de toujours.
L’œuvre ci-contre évoque peut-être le charroi féérique des enfances. Quelle est donc cette figure-oiseau tendue vers un cerceau ? Mais on aperçoit dans les roues, pauvres Sisyphe, ces condamnés à mouvoir l’attelage du monde, à moins qu’il ne s’agisse de trublions facétieux, qui vont à hue et à dia…




L’œuvre suivante, plus ténébreuse, aurait plus à Louise Bourgeois qui y aurait reconnu ses obsessions. Quel est donc cet étouffoir d’où peinent à s’échapper les branches mortes ? D’où vient le liquide rouge contenu dans la bouteille ? A chacun d’imaginer son propre récit…

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